La crise sanitaire, révélateur de l’évolution des structures associatives ?
Recherche n°1 – Têtes de réseaux et méta-organisations dans le monde associatif : quelles mutations et quelles réponses face à la crise COVID-19 ?
Le but de l’enquête est de connaître l’état des associations après la crise sanitaire. Au-delà de créer de nouvelles problématiques, elle a exacerbé des problématiques qui existaient déjà par rapport aux têtes de réseaux, notamment en soulevant des questionnements sur la provenance des ressources financières et l’éloignement que pouvaient avoir les salariés envers les têtes de réseaux. En quelque sorte, la crise sanitaire a été bénéfique pour les associations de terrain qui se sont retournées vers les têtes de réseau pour récupérer des ressources et des informations afin de comprendre les enjeux et l’évolution des textes de lois.
Le Mouvement associatif a participé à la création de l’IFMA, en voyant la recherche comme une opportunité de prendre de la hauteur sur leurs sujets de recherches, tout en prenant en compte la contrainte de l’instant. Le Mouvement associatif trouve ses racines en 2014 avec un travail de regroupement d’associations (fusion, mise en commun de recherches) et la mise en place d’une logique consistant à s’interroger sur les parties organisationnelles et institutionnelles de ces organisations dans le champ associatif.
Le questionnement principal était de savoir comment se regrouper pour défendre une cause auprès des pouvoirs publics, une pratique peu courante dans le milieu associatif, contrairement au milieu commercial.
Les problématiques qui se sont dégagées selon les hypothèses ont été diverses et variées. Il a fallu décider de la cible, notamment en fonction de la taille de l’association. Il a aussi fallu axer les recherches, qui ont finalement été motivées par l’appel à projet de l’IFMA. En fait, le but de la recherche a été de savoir comment la crise sanitaire a affecté le fonctionnement interne et externe des associations. Les chercheurs ont dû déterminer ce qui caractérise les dynamiques du mouvement associatif et ce qui a amené à ces changements, mais également l’incident de la crise sanitaire sur les têtes de réseaux et sur la structuration interne, démocratique et décisionnelle.
La méthodologie a été la même tout au long du processus de recherche : c’est à travers des études de cas et un questionnaire que les chercheurs ont récolté leurs informations. Ces études de cas ont posé la question de l’ouverture à d’autres associations et du lien avec les membres. Il a été observé que les associations sont actrices d’un dialogue civil, elles servent à mettre en valeur les expertises du monde associatif et à déterminer les enjeux propres du monde associatif.
Les résultats ne sont pas définitifs étant donné que les recherches sont toujours en cours. Les problématiques auxquelles les chercheurs s’attèlent toujours à répondre s’axent sur les dynamiques des méta-organisations et l’intégration des nouveaux réseaux. Pour le moment, la conclusion de ces recherches est qu’il est nécessaire de fédérer le monde associatif grâce à l’action, de se vendre aux pouvoirs publics, mais aussi de permettre l’échange entre têtes de réseaux.
L’étude de cas permettra de comprendre des dynamiques conflictuelles de concurrence entre têtes de réseaux, et d’observer la délégitimation par d’autres associations ou membres. Il existe également une intrication entre les différents enjeux des associations : chacune veut être le représentant légitime d’un secteur et met en place une stratégie auprès des audiences. En prolongeant ce travail, le but est de comprendre la dualité entre le monopole des têtes de réseaux et leur pluralité, et donc de mettre en concurrence les associations.
GG
Intervenants et modératrice :

Sarah Bilot
Déléguée générale d'Animafac (modératrice)

Adrien Laurent
Docteur en sciences de gestion et agrégé d’économie de gestion, Université Paris Dauphine, PSL

David Ratinaud
Chargé de plaidoyer, le Mouvement associatif
Recherche n°2 – L’hybridité des ressources au regard de la crise sanitaire
Le contexte de la recherche est celui de la pandémie de Covid 19. Elle est l’émanation d’une sollicitation des acteurs artistiques et culturels de terrain, notamment deux en milieu rural et deux en milieu urbain. En effet, la recherche portait sur la contradiction de l’utilisation des ressources, de la difficulté de faire face à la baisse des financements publics, et des nouveaux modèles économiques et financiers par le moyen des ressources propres du secteur artistique et culturel.
Le questionnement initial était : comment coconstruire, avec les acteurs de terrain et les chercheurs, une réflexion sur une dynamique de développement, de rayonnement et de citoyenneté des territoires urbain et rural, à travers l’art et la culture ?
Les objectifs de la recherche se basent sur trois points principaux :
- L’étude et l’analyse des différentes stratégies de mobilisation des ressources, pour comprendre comment dépasser, d’un point de vue analytique sur le prisme strictement budgétaire, l’utilisation des différentes ressources, notamment financières
- Le dépassement des modèles dichotomiques, des ressources privées/publiques encadrées, dans une logique de marché et de distribution pour remettre la réciprocité des différentes logiques au cœur de l’analyse.
- L’analyse de la dynamique de quelques organisations en lien avec cette réciprocité afin de comprendre, comment en milieu urbain et rural, une même dynamique dans l’utilisation des ressources peut impulser le développement du territoire.
En fait, il s’est avéré, au cours de cette recherche, que durant la pandémie de Covid 19, les associations artistiques et culturelles ont été les moins nanties, du fait d’un manque de ressources propres et des difficultés liées à la baisse des subventions publiques. L’une des associations ayant pris part à cette étude est “Art et culture la chouette”, petite structure culturelle des Alpes-Provinces, intervenant sur 41 communes de montagne. Cette association a deux volets d’action : la programmation culturelle avec l’organisation de festivals, et l’accompagnement culturel de leur territoire.
Les populations étudiées de manière empirique ont été essentiellement quatre associations intervenant dans le secteur culturel et artistique, choisies volontairement par les chercheurs cités plus haut.
Les résultats de cette recherche ont été d’une part, de permettre à ces associations de se retrouver et d’échanger sur leurs expériences communes, en vue d’une co-construction à travers leurs activités au sein de leurs territoires respectifs. D’autre part, elles ont pu réfléchir ensemble sur le développement stratégique de leurs structures respectives, en clarifiant désormais qui elles étaient et la trajectoire à donner à leurs activités et à leur rayonnement territorial, en valorisant au mieux leur légitimité.
GG
Intervenantes et modératrice :


Sarah Bilot
Déléguée générale d'Animafac (modératrice)

Francesca Petrella
Docteure en sciences économiques et Professeure des universités, Laboratoire d’économie, de sociologie et du travail, Aix-Marseille Université.

Oriane Barrois
Directrice de l’association Art et Culture – La Chouette

Giorgia Trasciani
Docteure en sciences économiques, Laboratoire d’économie, de sociologie et du travail, Aix-Marseille Université (France), Tiresia, Politecnico di Milano (Italie)
Institut français du Monde associatif
94 rue Servient 69003 Lyon