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Etude socioéconomique des associations françaises de solidarité internationale : contributions, modèles et évolutions

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Appel à projets : recherche sur le fait associatif

Dates du projet : janvier 2020 – novembre 2021

Mots clés : Associations de solidarité internationales, modèles socio-économiques

Mieux comprendre les évolutions du secteur des associations de solidarité internationale 

A l’image du monde associatif dans son ensemble, les associations de solidarité internationale (ASI) françaises jouent un rôle fondamental au sein de la société : aide humanitaire, développement, environnement, droits humains… Cela a amené le secteur à connaitre, depuis une vingtaine d’années, une très forte croissance, en nombre comme, en volume, et à une reconnaissance du caractère incontournable des ASI. Néanmoins, cette évolution s’est également accompagnée de questionnements grandissants, souvent alimentés par le manque de recherche et de données socio-économiques fiables, sur leurs réelles contributions à la solidarité internationale. Les ASI sont régulièrement remises en question, alors même que leur rôle dans la société n’a jamais été aussi reconnu.

Un secteur en croissance

Une analyse fine des registres permet d’actualiser les chiffres concernant le secteur des ASI. En 2020, elles sont plus de 14 000 actives, dont 483 à l’activité formelle significative, et 220 considérées comme professionnalisées.

En 25 ans, les ressources des associations de solidarité internationale françaises ont augmenté de 499 millions d’euros en 1991 à 1,67 milliards d’euros en euros constants 2016 (pour tenir compte de l’inflation), soit une croissance de 235% sur la période. 

Ce taux de croissance du secteur des ASI françaises s’avère remarquable en comparaison avec le reste du secteur associatif national, mais aussi avec celui de l’aide internationale globale, et de la majorité de leurs homologues dans d’autres pays OCDE, leur permettant d’avoir un poids économique certain au niveau mondial.

On constate que les années de croissance exceptionnelle coïncident fortement avec des événements majeurs du secteur de l’aide internationale, de crises humanitaires de grande ampleur, suite à des situations de conflit ou de catastrophes naturelles. Les périodes de baisses des ressources des ASI françaises révèlent par ailleurs que leur capacité à se financer apparaît comme assez sensible au contexte économique global.

Malgré l’hétérogénéité des ressources et modèles économiques des ASI, un modèle mixte dominant dans le secteur 

Les ressources d’origine publique sont le premier type de ressources des ASI (48,3% des ressources), devant la générosité des ménages (29,2% des ressources), les financements issus d’organismes privés (18,2%) et les ressources propres des ASI (4,3% du total). Leur modèle économique est souvent mixte, combinant ressources d’origines publiques et privées. Cependant malgré la prédominance du modèle « mixte », on constate une diversité au sein des modèles économiques des ASI, certains reposant sur les fonds publics, tandis que d’autres ont un modèle résolument dépendant des ressources privées. 

Un secteur économique de plus en plus concentré… mais réellement plus concurrentiel ?

En réalité, plus qu’une concurrence accrue, le secteur semble se caractériser par une concentration croissante. En effet, en France les 20 premières ASI (par taille) concentreraient à elles-seules plus de 90% du total des ressources financières estimées du secteur. Cette tendance à la concentration des ressources sur quelques organisations semble s’accentuer depuis 30 ans. Est-il normal que la part des ressources totales concentrée dans quelques grandes ASI croisse de manière continue ? Cela est-il souhaitable, justifiable, ou est-ce au contraire problématique pour le secteur ?

Néanmoins, l’indice de concentration du marché révèle un niveau considéré comme faible. Les enjeux concurrentiels du secteur sont finalement complexes, et sans corrélation évidente en fonction de la taille de l’ASI ou de sa thématique. 

Un paradoxe apparaît concernant la concurrence du secteur : pourquoi est-elle communément admise comme forte et en augmentation par les acteurs, alors que les chiffres semblent la démentir ? Dès lors, s’agit-il davantage d’une concurrence « ressentie » que d’une concurrence réelle ?

Une rapide réorganisation des activités suite à la crise COVID-19

La majorité des ASI semblent s’être rapidement adaptées à un accès limité, voire impossible, aux différents terrains d’intervention, par l’adoption de plans de contingence pour réorganiser leurs activités et pour répondre aux besoins liés la crise. Ainsi l’usage de solutions technologiques et d’outils digitaux (smartphones et tablettes, logiciels et réseaux en ligne), déjà émergent, s’est davantage généralisé, en particulier pour les activités d’évaluation des besoins et de suivi. Par ailleurs, les restrictions à la mobilité des expatriés, et autres « experts » en France, ont contraint les ASI à un transfert accéléré d’une partie des responsabilités des sièges vers les équipes locales, et même directement vers les populations dites bénéficiaires, notamment par des dispositifs plus participatifs et co-gérés.

Des impacts sur l’organisation du travail qui révèlent des inégalités

La crise COVID-19 a eu des impacts retentissants, comme pour toutes les structures employeuses, dans l’organisation du travail des ASI. L’adoption généralisée du télétravail (concernant, pour certaines ASI françaises, plusieurs centaines d’employées au siège, et plusieurs milliers sur le terrain), s’est souvent couplée à d’autres mesures : chômage technique, réduction du temps de travail, suspension des embauches… Ce phénomène a mis en lumière les inégalités entre ASI (selon leur taille et assise financière), mais surtout les inégalités en leur sein, en fonction du genre et du type d’emploi. Par exemple, les équipes locales des ASI sont souvent recrutées en CDD (le temps d’un projet), alors que la grande majorité des personnels au siège l’est en CDI.

Une crise économique aux conséquences lourdes

La crise économique liée au COVID-19 a eu un fort impact pour les ASI, et s’est manifestée par une inquiétante baisse des dons issus du grand public, ressources essentielles pour ces organisations en France. Une raréfaction des financements pouvant se traduire au mieux par la fermeture de nombreux projets, au pire par un risque réel de disparition pour certaines ASI, soulignant leurs fragilités et dépendances.

Envisager le monde d’après

Enfin, et de manière plus profonde, l’épidémie de COVID-19 a suscité des attentes sociétales renouvelées envers la société civile, dont les ASI, pour envisager ce « monde d’après », alors que les dysfonctionnements du modèle actuel apparaissaient au grand jour avec la crise. Modèles alternatifs de développement socio-économiques, inégalités, crises sanitaires et environnementales, comment les ASI peuvent-elles contribuer à ces enjeux ?

Présentation de l’équipe

Santiago Núñez Regueiro

Santiago Núñez Regueiro

Santiago Núñez Regueiro, Chercheur indépendant, LEDa, Université Paris-Dauphine

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Le rapport scientifique

Retrouvez le rapport scientifique de la recherche à ce lien.

Le rapport de synthèse

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Conférence

La Pause Culture Recherche : la recherche avec et pour l’action humanitaire et sociale, « Etude socioéconomique des associations françaises de solidarité internationale », Santiago Nunez Regueiro

Thèse

Croissance et concurrence : dynamiques institutionnelles des ONG d’aide internationale, Santiago Nunez Regueiro, Ecole Doctorale en Sciences Humaines et Sociales (ED 586) (2022)

Article

Énoncer la qualité dans les ONG. Étude empirique de la mise en place d’outils « qualité », Santiago Nunez Regueiro, Revue internationale des études du développement, p. 113 (2020)

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