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Des bulles numériques dans le monde associatif ?

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Appel à projets : recherche sur le fait associatif

Dates du projet : mars 2021 – mai 2021

Mots clés : outils numériques, partenariats

Mieux comprendre l’utilisation des technologies numériques par les associations

A l’ère actuelle où les technologies numériques sont plus importantes que jamais, il est essentiel de comprendre comment les associations peuvent améliorer leur utilisation de ces technologies afin de réaliser leurs objectifs.  Ce projet étudie le lien entre d’une part les partenariats associatifs, et d’autre part la volonté et la capacité des associations à adopter les technologies numériques. Le lien entre stratégie et pratiques numériques peut être mieux structuré, notamment à travers une bonne compréhension des pratiques collaboratives, ces dernières étant au cœur des activités stratégiques.

Un potentiel encore inexploité par les associations

L’introduction du web 2.0 et des réseaux sociaux, qui offrent de nombreuses opportunités pour les associations souhaitant communiquer avec le public et le mobiliser, a provoqué un changement majeur dans l’utilisation des outils numériques. Les outils de communication par internet et par courrier électronique sont devenus les outils de communication en ligne les plus puissants utilisés par les associations. Les associations utilisent ces innovations technologiques pour améliorer la prestation de leurs services ainsi que la collecte de fonds. Les réseaux sociaux peuvent également aider à cibler davantage de bénéficiaires, en renforçant la promotion des causes qu’elles défendent.

Cependant, bien qu’elles intègrent des technologies numériques dans leur travail quotidien, il reste encore un potentiel inexploité en ce qui concerne l’utilisation qu’elles en font, et de nombreux obstacles à leur utilisation persistent : manque de temps dédié à l’intégration stratégique des technologies numériques au sein de l’association, pressions extérieures de la part des financeurs pour mettre à niveau les outils sans que cela ne s’aligne aux priorités de l’association, ou encore manque de compétences pour gérer et s’emparer de ces outils numériques.

Un lien étroit entre partenariats et capacités numériques

Les partenariats d’une organisation sont une dimension importante de sa stratégie et de sa vision. En général, les organisations nouent des collaborations afin d’accéder à des ressources et des capacités complémentaires, afin d’accroître leur légitimité, ou encore pour renforcer leurs connaissance et expertises en vue de développer davantage leur activité et d’améliorer la réalisation de leurs objectifs. Les associations forment des partenariats avec une grande variété d’organisations, si bien qu’au cours des deux dernières décennies, les relations collaboratives des associations sont devenues la norme. Dans le cadre de cette étude, réalisée auprès d’associations environnementales en Ile-de-France, les partenariats sont les plus souvent réalisés avec d’autres associations géographiquement proches, puis avec le secteur public.

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les modèles de partenariats peuvent être un facteur explicatif des capacités numériques. Premièrement, la technologie ne peut être utile aux organisations que dans la mesure où elles peuvent l’utiliser pleinement. Cela est fortement lié à la capacité d’une association à accéder, à assimiler et à donner du sens aux informations obtenues de l’extérieur. Les pratiques de partenariats peuvent être d’importants indicateurs de ces capacités.

Deuxièmement, les pratiques de partenariats d’une association révèlent son degré d’ouverture sur le monde extérieur.

Troisièmement, les modèles de partenariat révèlent des informations sur la manière dont les associations peuvent bénéficier des services et activités complémentaires d’autres parties prenantes.

Une nuance est toutefois à prendre en compte entre les capacités numériques 2.0 et les capacités logicielles, la maîtrise de ces capacités n’ayant pas les mêmes ressors.

Proximité partenariale et usages du web 2.0

Le numérique est le principal mode d’interaction entre associations, et la proximité avec les partenaires impacte fortement le développement de leurs capacités numériques 2.0. Une forte proximité géographique d’une association avec ses partenaires tend à influencer très négativement ses capacités numériques. Cela met en évidence une certaine typologie d’associations qui opèrent à l’échelle locale, qui ont des partenaires locaux et qui sont relativement moins développées en matière de capacités web 2.0. Cela peut également souligner le fait que ces associations n’ont pas besoin des capacités de web 2.0 en premier lieu. A l’inverse, les associations opérant avec des partenaires à l’international ont souvent des capacités web 2.0 très développées.

Partenariats et capacités d’apprentissage

Les partenariats sont aussi des facteurs explicatifs importants des capacités numériques parce qu’ils révèlent dans quelle mesure une association a développé des capacités d’apprentissage. Les associations qui sont meilleures dans la gestion de divers partenariats semblent plus à-même d’utiliser divers outils technologiques, et pas seulement pour interagir avec les parties prenantes externes, mais surtout pour s’adapter à un environnement qui évolue rapidement, notamment grâce au développement et à l’utilisation d’outils technologiques. Les associations ayant une grande diversité de partenaires témoignent de capacités numériques fortes. 

Par ailleurs, la densité de réseau individuel, c’est-à-dire lorsque les partenaires d’une organisation sont également partenaires entre eux, impacte également les capacités numériques : plus le réseau individuel est dense (plus les partenaires sont partenaires entre eux), plus les compétences numériques au sein des organisations sont fortes.

Orientation stratégique et capacités numériques

L’orientation stratégique des associations est aussi un facteur important lorsqu’il s’agit des capacités numériques. On observe un impact positif et significatif des orientations de plaidoyer, d’innovation et d’animation sur les capacités numériques des associations. En fait, les technologies numériques peuvent jouer un rôle important dans l’innovation, car les idées innovantes et les nouvelles solutions peuvent grandement bénéficier des interactions avec d’autres parties prenantes via les réseaux sociaux : obtenir des retours et des commentaires de la part des utilisateurs et d’autres parties prenantes sont une importante source d’innovation. 

Quelles clés d’action pour les acteurs ?

Dans la plupart des cas, les organisations ignorent les implications stratégiques à long terme de leurs partenariats et se concentrent sur les résultats à court terme. En outre, les organisations ont parfois tendance à ignorer la complémentarité de leurs divers partenaires. En d’autres termes, les organisations risquent de ne pas envisager leurs partenariats dans le cadre de leurs stratégies globales et de ne pas avoir une vision d’ensemble. Cette recherche suggère que les organisations devraient développer une stratégie de collaboration globale, en s’interrogeant sur la complémentarité de leurs partenaires, sur les avantages et les inconvénients de chaque partenariat, et sur l’existence éventuelle de meilleurs partenaires ailleurs que l’organisation pourrait rechercher.

Deuxièmement, les organisations doivent également faire le lien entre leur stratégie globale et leur stratégie numérique. Certaines stratégies sont plus étroitement liées aux capacités numériques avancées que d’autres, comme les activités innovantes, de plaidoyer ou encore celles liées à l’animation d’une communauté. Ces stratégies nécessitent souvent d’accéder à des connaissances externes et de développer les capacités d’utilisation de ces connaissances. En retour, les capacités numériques avancées permettront aux organisations d’atteindre leurs objectifs.

Troisièmement, les organisations doivent également tenir compte de la liaison entre leurs partenariats et leurs capacités numériques. Ces deux activités sont celles qui déterminent le plus l’accès aux connaissances externes, l’augmentation de la visibilité et le maintien de l’engagement des parties prenantes.  Cette recherche montre que les compétences numériques dépendent fortement des apports des partenariats. Par exemple, les organisations qui bénéficient de partenaires pour obtenir de la visibilité et des informations semblent avoir de meilleures capacités numériques.

Enfin, les organisations devraient également déterminer quels types de capacités numériques sont les plus nécessaires à la réalisation de leurs objectifs. Il existe en effet des différences importantes entre les déterminants des capacités du web 2.0 et l’utilisation de logiciels dans les opérations de gestion.

Présentation de l’équipe

Müge Ozman Gossart

Müge Ozman Gossart

Professeur de management, LITEM, Université Paris-Saclay

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Le rapport scientifique

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