Projet lauréat

 

Conditions, organisations et relations de travail dans les structures de l’économie sociale et solidaire

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Appel à projets : recherche sur le fait associatif

Dates du projet : janvier 2020 – novembre 2020

Mots clés : conflits au travail, petites entreprises associatives

La spécificité des relations et des conflits du travail dans le monde associatif

Le monde associatif est-il un monde du travail comme les autres ? Pour répondre à cette question, les sociologues ont forgé la notion d’entreprise associative, soulignant que ces organisations employeuses oscillent entre deux registres, celui de l’engagement et celui du monde professionnel. Cette recherche s’intéresse aux spécificités du travail associatif, et plus précisément, interroge les spécificités des relations et des conflits du travail dans le monde associatif.

Une posture salariale et employeur déstabilisées

Cette étude met en lumière ce que l’engagement fait aux salariés et ce que le salariat fait à l’engagement des employeurs bénévoles. Pour les salariés associatifs, travailler dans les associations loi 1901, c’est (souvent) travailler « pour la cause ». Les salariés associatifs apparaissent « intrinsèquement motivés » et disposés à faire « don de travail ». Si cette situation n’est pas généralisable à l’ensemble des salariés, cette particularité marque toutefois le travail associatif. Ils travaillent aussi « avec » des bénévoles, ce qui participe à déstabiliser la posture salariale. Enfin, les salariés associatifs travaillent aussi « pour » des bénévoles, pour qui le rôle d’employeur est une responsabilité souvent difficile à prendre en charge. Autant de spécificités qui marquent les relations de travail dans les petites entreprises associatives et déstabilisent aussi bien la posture salariale que la posture employeur.

Des salariés pas comme les autres…

Les salariés associatifs ont, comme la plupart des salariés, le travail à cœur. Ils adhèrent souvent au projet de la structure, travaillent « pour la cause », et ont des attentes : de réalisation du projet associatif, de démocratie interne, etc. Les salariés sont investis dans leur travail, mais aussi vis-à-vis du projet. Ils le portent, le prennent en charge, quitte à parfois effectuer du travail bénévole. Ils croient dans les valeurs affichées et ne sont pas simplement des salariés subordonnés à l’association, ils portent la « raison d’être » de l’association. Ainsi, lorsqu’ils se retrouvent face à d’importants écarts entre la valeur et les pratiques, entre le discours de l’employeur et ses pratiques, ils sont exposés à une double perte de sens : de leur travail et de l’association.

La démocratie associative, loin d’être une évidence

L’étude des conflits confirme le fait que la démocratie associative n’est pas une évidence, et que les structures associatives peuvent être « accaparées » par une personne, même si celles-ci n’ont statutairement pas de propriétaire au sens strict du terme. Ainsi, les entreprises associatives ne sont pas forcément collectives ni démocratique.

Mieux comprendre pour mieux agir

Ces résultats intéresseront le monde associatif à plusieurs titres, car ils permettent de mieux comprendre les spécificités des relations de travail dans ce secteur, et de mieux comprendre les motivations et les contraintes de chaque acteur. Prendre conscience de la part d’engagement des salariés, amènera les employeurs à questionner leur place dans l’organisation et notamment dans la prise de décision. La prise de conscience de la part d’engagement, et des difficultés de la fonction employeur par les salariés, les amènera à mieux comprendre la complexité des tâches qui leurs incombent. Ces résultats appellent ainsi à un dialogue « compréhensif » au sein des entreprises associatives sur les rôles, les attentes et les contraintes de chacun.

Préserver l’engagement des salariés et des employeurs

Ce travail, qui participe au constat des spécificités du travail associatif, amène à s’interroger sur les dispositifs à mettre en place pour préserver l’engagement des salariés et des employeurs bénévoles. Des réflexions qui ont mené, dans la continuité de ce travail, à étudier les dispositifs originaux mis en place au sein de la convention collective de la Confédération Paysanne qui favorise la mise en place de médiation lors des conflits du travail.

Les employeurs bénévoles comme « patrons » : une posture ambivalente et difficile à occuper

Comme les entreprises associatives dans lesquelles ils travaillent, les salariés ont une posture ambivalente, entre travail et engagement. Cette ambivalence marque la relation de travail, aussi bien la posture des salariés que celle des employeurs. Pour ces derniers, qui s’engagent en association d’abord pour le projet, la fonction employeur est difficile à occuper. Ainsi, les employeurs bénévoles sont étudiés dans cette recherche comme des « patrons ». Cette approche apparait particulièrement féconde, et c’est l’un des principaux apports de cette recherche. C’est aussi un travail à poursuivre afin de comprendre ce qui amène ces employeurs à prendre ces responsabilités, comment cet engagement s’inscrit dans leur carrière bénévole, les difficultés qu’ils rencontrent, comment ils s’organisent, comment ils mènent le « métier » de patron associatif ?

Des réflexions à poursuivre…

Le débat et la réflexion sur le travail apparaissent comme balbutiants dans le monde associatif. Pourtant l’enjeu est de taille. Les questions sont stimulantes et ne manquent pas. Quelle place pour les salariés dans l’organisation du travail ? Dans les prises de décisions ? Quel dialogue professionnel dans les associations ? Quelle place pour les « contre-pouvoirs », qu’ils soient syndicaux, comité social et économique (CSE), ou bénévole ? Comment permettre le respect du Code du travail sans que cela soit un obstacle à l’engagement des salariés et des bénévoles ? Autant de questions de recherches à mener, d’action à trouver pour associer les différentes parties prenantes des associations.

Présentation de l’équipe

Simon Cottin-Marx

Simon Cottin-Marx

Chercheur associé, LATTS, Université Paris Est & ENPC

Envie d’aller plus loin ? Retrouvez les valorisations issues de la recherche

Livre

C’est pour la bonne cause !, Simon Cottin-Marx (2021)

Rapport d'étude

Relations et conflits au travail dans les petites entreprises associatives, Simon Cottin-Marx, INJEP Notes & rapports (2020)

Article

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