Projet lauréat

ThEP-S – Transformations et héritages de l’éducation populaire. Le cas de la ville de Saint-Etienne

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Appel à projets : recherche sur le fait associatif

Dates du projet : mars 2020 – février 2022

Mots clés : relations avec les pouvoirs publics

Une recherche participative sur les réalités actuelles de l’éducation populaire sur le territoire stéphanois

Cette recherche participative porte sur les évolutions et les réalités actuelles de l’éducation populaire sur le territoire stéphanois et vise à documenter et analyser plusieurs phénomènes en cours dans les structures de l’éducation populaire. Elle cherche à éclairer les processus démocratiques et les formes d’engagement au quotidien, au sein des structures associatives. Le questionnement sur le fonctionnement de la démocratie associative s’ancre dans l’idée de mieux comprendre l’impact des évolutions du contexte institutionnel et économique depuis les années 1990 sur le fonctionnement et les projets démocratiques associatifs.

L’évolution du cadre institutionnel et politique a conduit à une réorganisation des financements des associations et de leurs projets ainsi qu’à une restructuration des relations entre représentants des administrations publiques et acteurs associatifs. Les associations relevant de l’éducation populaire, et particulièrement leur projet politique démocratique, sont touchés par ces évolutions récentes, ce qui les conduit à repenser leurs pratiques et leurs organisations internes.

Associations d’éducation populaire, pouvoir publics locaux et élus : entre contractualisation croissante et dépendance réciproque

La question des relations entre associations d’éducation populaire et pouvoirs publics locaux, notamment par le biais des financements et du patrimoine associatif, mais aussi des relations aux élus et aux équipes municipales est centrale. Historiquement, les associations ont été liées aux pouvoirs publics locaux et les salariés et bénévoles ont développé un “travail politique”, par une activité de négociation directe avec les élus, notamment municipaux. La proximité avec les élus semble s’accompagner d’une forme de dépendance réciproque, où les associations peuvent aussi apparaître comme un soutien par la municipalité.

Par ailleurs, l’évolution récente des financements associatifs s’accompagne d’une contractualisation croissante entre administrations publiques et associations, ainsi qu’entre entreprises privées et associations, sur des projets spécifiques. Concrètement, cela se manifeste par la multiplication des outils de gestion, d’administration et d’évaluation au sein des associations et un alignement des pratiques associatives avec celles des administrations.

Les associations sont aussi de plus en plus mises en concurrence en tant que prestataires des administrations publiques. On constate un très faible recul critique des salariés et administrateurs vis-à-vis de ces évolutions qui impactent leurs quotidiens de travail et la manière dont ils priorisent le contenu des actions. Le développement de cette démocratie procédurale exige des compétences et capacités spécifiques, en termes de rédaction (administrative), de connaissance du langage et des codes administratifs et gestionnaires, ainsi qu’en termes de négociation et de diplomatie locale.

Une véritable technicisation des professions du champ de l’éducation populaire

L’évolution des relations avec les pouvoirs publics locaux est liée à l’évolution des métiers et des professions du champ de l’éducation populaire qui se sont technicisés, par un recentrement sur des fonctions de gestion et de management. Cela participe à l’apparition de profils de “pragmatistes” et développeurs soucieux de développer leurs associations et capables de capter des sources financières diverses. La professionnalisation telle qu’elle a été observée participe à redéfinir autrement la question de l’engagement dans le travail associatif.

Cet engagement est ambivalent tant il est vécu parfois comme une contrainte et parfois comme une forme de liberté. Il est lié à la notion de politisation, qui se construit au contact du public de l’éducation populaire, et par une conscience du cadre politique et institutionnel et des contraintes qui pèsent sur les associations et leur budget.

Les limites de la forme associative loi 1901

Cette recherche permet de souligner un questionnement de la forme associative loi 1901 en lien avec l’évolution du cadre de financement et l’apparition de métiers de la gestion et de profils d’entrepreneurs au sein de l’éducation populaire. Plusieurs témoignages soulignent les limites de la structuration juridique associative au profit d’une forme entrepreneuriale, mais aussi coopérative. Ils questionnent aussi la place et le rôle des présidents d’associations, notamment leur fonction d’employeur, qui ne seraient ni assez formés ni assez rétribués. Le vocabulaire utilisé, les objectifs ou encore les outils et ressources à disposition des associations employeuses s’inscrivent dans une transformation du fonctionnement associatif et questionnent les liens avec le monde de l’économie sociale et solidaire. 

Dans ces témoignages, le projet porté par l’économie sociale et solidaire ou par les formes de coopération (SCOP) n’est pas questionné ni mis en relation avec l’objet même de la loi 1901, fondant le droit d’associations, ou l’éducation populaire. La liberté de se réunir dans un but autre que de partager des bénéfices n’est pas interrogée, tant une partie du champ associatif semble avoir déjà opéré des changements en profondeur, en termes d’emploi et de management ou d’orientations politiques (dues à l’évolution de la commande publique et privée).

Prochaines étapes …

L’ensemble de ces résultats intermédiaires devront être approfondis et finalisés, ce qui constitue la prochaine étape de travail. Une très grande majorité des personnes rencontrées dans le cadre de cette recherche sont en attente d’espaces de réflexion pour mieux comprendre les transformations structurelles et sociétales dans lesquelles elles évoluent. Ces espaces seront construits comme des lieux et des temps pour qu’elles se réapproprient une réflexion politique et collective. L’équipe de recherche prévoit ainsi un temps de restitution dans chacun des territoires ou structures puis un temps plus collectif, à l’échelle de Saint-Etienne, qui pourra mêler apports de la recherche et apports du champ associatif.

Présentation de l’équipe

Manon Pesle

Manon Pesle

Maître de conférence Laboratoire ECP, Université Jean Monnet Saint-Étienne

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Article

Introduction – Approches territoriales et partenariales de la réussite éducative, Manon Pesle, Stanislas Morel, Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle (2020)

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