Écrire et valoriser des histoires singulières et locales de féminisme : l’exemple DU PLANNING FAMILIAL DE l’Isère

Présentation de la recherche « Au Planning, on n’écrit jamais, on attend que ce soit les autres qui le fassent : pour une histoire sociale du Planning Familial de l’Isère »

Dans cet atelier, Irène Favier et Amélie Nuq ont restitué la recherche « Au Planning, on n’écrit jamais, on attend que ce soit les autres qui le fassent’’ : pour une histoire sociale du Planning familial de l’Isère ». Cette recherche, soutenue par l’Institut, a vu le jour à la suite du festival Trouve ton genre qui a permis un contact entre les deux chercheuses et le Planning Familial. Le Planning familial a ensuite sollicité les chercheuses pour qu’elles questionnent leurs pratiques en tant qu’association. Pour répondre à cette attente et en partant de l’approche de l’histoire sociale, la recherche a visé à mettre en lumière les réseaux militants qui relient le Planning familial à son environnement social, culturel et politique, tout en ré-insérant son histoire dans la séquence historique vécue par Grenoble à la même époque. 

L’antenne grenobloise du Planning Familial est la première à voir le jour, le 10 juin 1961. Si de nombreuses recherches universitaires avaient déjà été menées sur cette structure, la présente recherche s’inscrit dans le temps long de l’histoire des hommes et des femmes, de l’après-Seconde Guerre mondiale et du « creux de la vague » féministe à l’orée des années 2000. Elle vise à donner davantage la parole aux militantes, à essayer de comprendre leur militantisme tout en s’intéressant également à leurs histoires et à leur intimité. La volonté derrière cette approche n’est pas de mettre en avant des grandes figures du féminisme mais plutôt des histoires plus intimistes et plus locales. Leur récit n’a donc pas vocation à être lisse et bien huilé, mais plutôt de faire état des nombreuses aspérités inhérentes à la vie de toute personne et de toute organisation collective, et ainsi permettre la retranscription des difficultés, disputes et débats propres à cette association. Grâce à une approche se focalisant essentiellement sur les sujets du genre, de l’âge et de la santé, cette recherche s’intéresse au fil conducteur du Mouvement pour le planning familial français que représente une prise en charge militante des questions sexuelles et reproductives (sexualité, contraception, maladies sexuellement transmissibles, violences conjugales).

Annie Dussuet a, dès le début de l’atelier, soulevé la question de la place des femmes dans le monde associatif, question qui s’est révélée centrale dans les recherches menées par les deux enseignantes-chercheuses. Comment les inégalité entre les hommes et les femmes se traduisent-elles dans le fait associatif ? Ces inégalités y sont-elles amoindries ou bien y sont-elles également présentes ?

De manière générale, les femmes sont davantage représentées dans les associations que dans d’autres secteurs de la société, tels que les partis politiques ou encore le secteur privé lucratif, mais l’importance du rôle de ces dernières a tendance à être minimisé. Cela se traduit principalement par deux aspects :

  1. Les postes et mandats associatifs occupés par les femmes sont majoritairement d’un niveau hiérarchique inférieur à ceux des hommes.
  2. Dans le cas où elles sont salariées, les femmes sont soumises à des niveaux de rémunération plus faibles avec des statuts plus précaires que leurs confrères.

Les recherches menées démontrent ainsi une ambivalence dans le fait associatif qui apparaît majoritairement composé de femmes, mais qui véhicule malgré tout les mêmes inégalités qu’ailleurs. 

La volonté des enseignantes-chercheuses était de mener une étude d’histoire sociale, une histoire « par en bas », au niveau des revendications et des pratiques, dans le secteur de Grenoble ainsi que dans ses quartiers. Les sources d’archives étant limitées, elles ont eu recours à des sources orales. Elles ont mené des entretiens auprès de personnes anciennement engagées au sein du Planning familial, apportant un regard rétrospectif sur leurs expériences. La démarche intimiste a permis de créer un lien entre les personnes interrogées et les chercheuses. Après avoir collecté ces sources orales, les chercheuses étaient attentives à la retranscription des témoignages dans un cadre universitaire, tout en respectant la dignité des personnes enquêtées. 

 

GG

Intervenantes et modératrice :

Irène Favier

Irène Favier

Docteure en histoire, Maitresse de conférences en histoire contemporaine, Université Grenoble Alpes

Amélie Nuq

Amélie Nuq

Docteure en histoire, Maitresse de conférences en histoire contemporaine, Université Grenoble Alpes

Annie Dussuet

Annie Dussuet

Enseignante chercheuse émérite à l'université de Nantes, Habilitée à diriger des recherches en sociologie, Membre du Conseil Scientifique de l'ADDES (modératrice)

Institut français du Monde associatif

1 Rue Dr Fleury Pierre Papillon, 69100 Villeurbanne

Suivez-nous sur les réseaux sociaux